Ça vous plaît

Photos : Garance Poupon-Joyeux & Alexandre Arbouin / Carton d'invitation de l'exposition à Medium Argent (2017)

Ça vous plaît

2017
Œuvre-exposition
Medium Argent
Rouen

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L’exposition “Ça vous plait”, première exposition de la micro-résidence “Medium Argent”, réunit trois œuvres du duo de Garance Poupon-Joyeux et Alexandre Arbouin. Ces œuvres hautement colorées dessinent, toutes trois, trois mots commentaires et/ou onomatopées, que l’on peut entendre aux plus belles expositions, à savoir : Oh, Woaw et Lol. Pour les visiteurs les moins perceptifs, le “Oh” est formé à partir du cercle doré et du néon ; tandis que le “waow” est dessiné au mur, séparé en son milieu (“wa” et “ow”) et le dernier mot se construit à l’aide des confettis deux bâtonnets et un disque forment “lol”). Ces mots peuvent être compris aussi bien au premier degré qu’au second, inversant ainsi le caractère mélioratifs de ceux-ci. Ces œuvres semblent répondre au titre de l’exposition “ça vous plaît”, dont l’absence de ponctuation laisserait plutôt poindre une injonction qu’une interrogation. Cette injonction, si souvent corollaire aux événements mondains, dont l’exposition fait actuellement partie, par le thème “Raout” commun aux différents lieux d’art du Réseau Rouen, questionne ainsi le fondement du jugement des œuvres. Avec cette exposition, le jeune duo tourne en dérision les expositions plastiquement formidables mais creuses, souvent représentatives de ce que l’on appelle la “jeune création”. Les formes, les signes, les couleurs, les media, et surtout, leur combinaisons-phares, sont ici repris pour divulguer des messages subliminaux et renforcer le caractère presque plus publicitaire qu’artistique de ces œuvres plus ou moins stériles, exposées dans tous les salons de la création contemporaine fraichement approuvée. Le plus ironique peut-être dans cette exposition, est le moment où le spectateur se retrouve à répéter le titre des œuvres, qu’il s’agisse de la simple lecture du cartel ou de la critique la plus virulente. Désormais, ces mots sont associés à ces formes, le temps de cette exposition, et plus longuement peut-être, transposant les œuvres présentes en véritables références. Ainsi, cette exposition s’ancre dans la démarche du duo questionnant le déjà-vu et le fake (qu’il s’agisse d’un simple artifice ou d’une grande imposture, celle des artistes reconnus ou celle du duo lui-même) en traquant le style lorsqu’il ne s’accompagne pas d’une certaine épaisseur.

Alan Smithee